J'attends depuis 2 h le véhicule qui doit m'emmener juasqu'à la frontière népalaise. ensuite, il faudra aviser !
Après ma palpitante mais très belle excursion tibétaine, les démarches un peu mouvementées pour mon visa, j'ai passé quelques journées tranquilles à flâner dans Lhassa et ses environs. De très longues marches comme je les aime, passées à m'infiltrer discrétement dans le quotidien des gens sans jamais leur imposer ma présence : je ne supporte pas de vivre - de quelque façon que ce soit - au dépens de peuples bien moins favorisés que moi.
Dans les ruelles de Lhassa, des petites familles m'accueillent avec le sourire quand, à l'heure des repas, je viens m'attabler  dans leurs gargotes aux bancs vacillants.
J'ai mangé des "choses" étranges auxquelles je suis encore incapable de donner un nom, et même sans savoir s'il s'agissait d'une nourriture animale ou végétale !  A cause de mon petit budget,  je  suis souvent affamée, ce qui m'aide à apprécier des plats locaux que j'aurais refusé de goûter en temps normal !  j'ai mangé ici des trippes (moi qui déteste ça !) en croyant voir des nouilles ! Il ne faut pas rêver : les mini-restos que je fréquente n'ont pas de menu en Anglais ! on mange ce qu'on voit dans les plats et qu'on a montré du doigt !
Je suis quasiment certaine d'avoir mangé de la langue de chien grillée à Pékin, vu la taille et surtout la consistance sous les dents du "beefsteak" en question !
En tous cas, pendant toute la durée de mon tour du monde, je n'ai pas eu la moindre "gastro".
Notre 4x4 arrive enfin. A l'avant un vieux Tibétain de 78 ans s'installe; A l'arrière nous sommes 3 : un jeune touriste japonais, un moine en robe rouge (le fils du vieux monsieur) et moi-même. Le moine semble avoir une trentaine d'années et être un peu contrarié de se trouver au milieu ! je ne suis pas très sympa : je ne lui laisse pas ma place : j'en ai trop besoin pour faire mes photos !  et, après-tout, je suis une mamie !
Nous sommes un tout petit convoi de 2 véhicules, l'autre land-cruiser étant occupé par 4 jeunes Chinois.
Il n'y aura pas de mots pour traduire la majesté des sites que nous allons traverser...des steppes dorées dentelées de montagnes blanches, lointaines... puis, brusquement, au hasard d'un virage : un imposant pic neigeux se dresse devant nos yeux ébahis. Nous ne sommes  jamais au-dessous de 3500 m, donc la plupart de ces nombreux sommets atteignent au moins 6 à 7000 m ! je suis époustouflée par tant de grandeur ! Mon coeur palpite : je suis encerclée des plus hauts sommets du monde ! les "minuscules" et  "gigantesques" pointes de notre chère planête sont là : devant mon regard émerveillé.
Heureusement que j'ai les reins solides car notre 4x4 est un vrai "tape-cul" ! Je suis en admiration devant le papy qui restera bien droit sur son siège durant tout le voyage, sans jamais se plaindre.
A un certain moment , la route est tellement défoncée que notre chauffeur décide de couper à travers champs. Au moment où  il s'apprête à descendre un fossé assez pentu, notre moine demande à quitter le 4x4  pour parcourir le court trajet à pieds : il a peur ! (il n'est sans doute pas pressé d'entamer sa seconde vie ! ) je suis d'autant plus surprise qu'il abandonne son vieux papa...
Cinq heures après notre "arrêt-repas", nous arrivons à Zhong-Mu, la ville frontière entre la Chine et le Népal.
C'est là que nous allons passer la nuit. Comme la plupart des cités frontalières, petites ou grandes, il se dégage de Zhong Mu une impression indéfinissable... D'autant plus qu'elle est bâtie à mi-flans de côteaux sur les versants vertigineux de la montagne. Le soleil ne doit pas y briller très longtemps dans la journée !
Je suis impressionnée par la gentillesse des jeunes Chinois envers les personnes âgées : plusieurs d'entre eux se préoccupent du vieux Tibétain alors que son fils, le moine, le néglige un peu...Ils l'aident à descendre du véhicule, l'installent  à table à l'heure du repas pris en commun qui  coùtera 10 yuans. (1 €) par personne.
Après une bonne nuit sur un matelas dur et fin (comme la plupart des matelas chinois), une douche dans des toilettes un peu crades (surtout les WC !) nous voici, nombreux, de toutes nationalités, à faire la queue au poste de douane.
L'attente est très longue. Est-ce l'altitude qui me joue des tours ? je suis brusquement épuisée de fatigue, Mon sac à dos me semble peser plus lourd que d'habitude, il m'étouffe, je le pose discrêtement à mes pieds pour n'avoir à le porter seulement quand  la file se remettra en mouvement. Aussitôt, l'un des jeunes Chinois de notre convoi s'approche de moi, se charge de mon sac. J'avais pourtant essayé de ne pas me faire remarquer : c'est toujours génant, à mon âge, de déranger les jeunes.. Mais eux ne semblent pas penser la même chose : je n'aurai plus à porter mon sac jusqu'au passage de la frontière. Et tout cela fait avec tellement de naturel et de discrétion ! je suis vraiment émue par tant de gentillesse. Les Chinois ont définitivement conquis mon coeur et je me réjouis à la pensée que ce n'est pas la dernière fois que je me trouve en Chine puisqu'après l'Inde j'ai prévu de rejoindre, par avion, Hong Kong et le Sud de la Chine. Dés cet instant, comme il y avait 8 kms de "no man's land" à parcourir avant de trouver un autre moyen de transport à partir du Népal, les jeunes m'ont "adoptée" pour partager le taxi qui nous a emmenés jusqu'à la prochaine frontière. Là, je n'ai pas été tranquille du tout : un tout petit véhicule pour 9 personnes plus les bagages ! sur une piste vertigineusement pentue, défoncée  et bordée de précipices ! les jeunes riaient comme des malades mais moi je ne brillais pas : que les freins lâchent à cause de la surcharge ...je n'imagine pas la suite ! Cela m'a rappelé la "Route de la Mort" en Bolivie avec mon fils Andric...

Col du Tong-La                                        Friendship Hightway                             Zhong-Mu