J'avais 20 ans quand j'ai commencé à m'interresser sérieusement au Pays du Soleil Levant. En grande partie à cause des romans autobiographiques de Pearl Buck, cette Américaine, fille de missionnaires, qui a vécu toute sa jeunesse en Chine. J'avais même essayé d'étudier le Chinois avec la méthode Assimil mais les cours étaient en Anglais ce qui compliquait les choses... Quarante plus tard, j'ai révisé - ou plutôt tenté de réapprendre - mon Chinois et je me réveille à Pékin. Dés 7 heures le lendemain je suis allée sur Internet pour rassurer ma petite famille et me voilà flânant dans les ruelles du vieux Pékin. J'ai mis 2 h et demie, à pieds, pour trouver la gare de l'Ouest afin de réserver mon billet de train pour Lhassa (Tibet). Il y a seulement 2 mois que la fameuse "Ligne du Ciel" est ouverte, elle a beaucoup de succès, tant parmi les Chinois qui sont ravis d'envahir le Tibet, que de la part des touristes et il n'est pas facile, paraît-il, d'obtenir de la place. Pour trouver la gare d'où part ce fameux train, je n'avais qu'à prononcer le mot : "Lhassa" avec l'accent chinois et les gens comprenaient tout de suite. Cette nouvelle ligne est leur fierté: ils sont bien informés. J'ai été gentiment guidée par des passants ou des policiers, aimables et souriants, bien que la plupart, tout comme les Russes, se trouvaient incapables de comprendre l'Anglais. Il faut seulement être assez prudent avec les réponses des Chinois : ils ont tendance à tout simplement répondre "oui...oui..." avec un grand sourire même s'ils n'ont absolument rien compris à la question. Eh! oui : il ne faut surtout par "perdre la face"...ça, c'est encore dans leurs gènes ! Par contre, pour trouver le guichet apte à me fournir le billet de train, se sera la même galère qu'en Russie mais avec beaucoup plus de sourires et d'amabilité... Je me faufile tant bien que mal entre les longues files d'attente en m'efforçant de repérer, au dessus des nombreux guichets, les signes chinois signifiant "Lhassa". Encore plus difficile qu'avec le Russe ! là, aucune lettre familière permettant de mémoriser quelsque chose qui ressemblerait à un mot ! Une employée avait dû remarquer mon manège : elle s'avance vers moi d'un pas vif, m'attrappe par le poignet, sans un mot pour me conduire vers le fameux comptoir en me plaçant à la première place, juste derrière le guichet, alors qu'environ 80 personnes attendaient patiemment. Ah non ! ça, ce n'est pas possible ! je remercie chaleureusement la dame et retourne faire la queue, comme tout le monde. J'ai juste le temps d'apercevoir quelques sourires soulagés. Les Chinois sont super gentils avec les touristes depuis qu'ils ont ouvert leurs frontières mais tout de même ! Et je n'ai pas regretté car, juste derrière moi, s'est trouvé un jeune étudiant parlant l'Anglais qui s'est fait un plaisir à me servir d'interprète. Sans lui, je me demande comment j'aurais fait pour répondre à la jolie Chinoise : "voulez-vous une place "Assis dur" ?, "Assis mou" ?, "couché dur" ?, "couché mou" ?... Ah ! il y a le choix ! J'ai répondu au jeune homme : "The cheapest" ( le moins cher ). J'ai donc eu mon billet d'une place en "assis dur" (380 yuans = 38 €) pour 49 heures de train sur le "Tanggula Express", le train le plus haut du monde. Il vient d'être inauguré il y seulement 2 mois. La ligne de 4 564 km rejoint les montagnes du Tibet en s'arrêtant, entre autres, à la station ferrovière la plus haute du monde : Tanggula : 5072 m d'altitude ! Avant de me donner mon permi d'entrée au Tibet, on m'a fait remplir une espèce de questionnaire de santé...c'est sûr, c'est haut mais je pense y être habituée : j'ai fréquenté les montagnes de Haute-Savoie pendant 40 ans ! On va voir ça...