25 Décembre ! Cette jolie date qui a fait vibrer, pendant tant d'années, mon coeur d'enfant occidentale, puis de maman...J'ai pu constater plus tard, au cours de mes périgrinations, que, même dans les pays les plus pauvres, même dans les pays où le Christianisme est une minorité, (même sans la neige !) cette période de Noël a quelque chose de magique...
Minuit en France. 9 heures du matin en Papouasie (PNG). Je pense très fort à ma petite famille et en particulier à mon Alexianne qui, suite à sa séparation, réveillonne toute seule avec "ses 2 petits amours" comme elle dit en essayant de garder le sourire.
Nous sommes partis la veille, le 24, en début d'après-midi, dans le but de trouver en forêt un endroit où passer le réveillon de nos rêves, ou plutôt : le réveillon de nos souvenirs car nous avions déjà vécu ce scénario magique en 2002 en Amazonie Française, en pleine forêt.
Mais, je crois qu'il ne faut jamais essayer de reproduire du "déjà vécu". La vie, telle qu'elle est faite, ne l'accepte pas. Voyons la suite :
Nous partons donc à la recherche de notre "coin".
Nous avons marché, marché, grimpé, descendu, remonté, cherché...Finalement, pour aller plus vite, Andric me demande de l'attendre et part en avant. Je m'assoie et il est à peine disparu dans les profondeurs de la forêt que je psychote déjà. Je regrette qu'on se soit séparés. Et s'il tombait, s'assommait...moi je resterais là, à attendre et je ne saurais ni le retrouver ni ME retrouver. Mon angoisse a ses racines : mon dernier-né m'a déjà fait vivre des moments terribles, entre autres lorqu'il s'est perdu en 2003 pendant 8 h, la nuit, sur un grand fleuve Amazonien en Guyane.
8 heures de recherches nocturnes avec les gendarmes, les pompiers, les Amérindiens...
8 heures d'angoisse incommensurable pour moi. VOILA POURQUOI JE SUIS RESTEE SI FRAGILE...
Finalement, au bout d'une quinzaine de minutes qui m'ont parues très longues, j'ai entendu un appel à me remettre en route. Je me remets en route et me retrouve brusquement devant 2 directions : ça, il a dû l'oublier ! J'appelle. Pas de réponse. Je beugle à nouveau. Rien. J'angoisse à nouveau. Je tente ma chance en prenant le sentier le plus visible. Ouf ! j'ai eu du flair, je le retrouve, tout heureux de me présenter le coin de paradis qu'il a enfin découvert. C'est vrai que c'est beau ! A cet endroit, la forêt est éclaircie par la présence d'une petite piscine naturelle dans laquelle se déversent 3 minuscules cascades sortant d'un gros rocher. il y a juste 2 gros arbres capables de supporter nos 2 hamacs superposés et notre bâche. Nous sommes heureux... mais loin d'imaginer qu'en fait, ce joli coin d'eau est aussi le "coin douche" de tous les Papous des environs qui n'ont pas peur de parcourir des kilomètres pour venir faire leur toilette !
Les femmes et les enfants sont plutôt timides mais les hommes s'arrêtent quelques instants pour parler, étonnés de nous voir fêter Noël seuls en forêt, et même prêts à nous inviter. Tous vraiment aimables et discrets. Nous comptons sur l'arrivée de la nuit pour voir cesser le défiler et nous faisons contre mauvaise fortune bon coeur. Après tout, les intrus, c'est nous !
Nous allons bien finir par l'avoir notre "réveillon féerique en pleine forêt "accompagné du cri rauque des hornbill, ces très gros oiseaux portant une sorte de corne aux vives couleurs sur le bec. Les visites s'espacent. Nous terminons l'installation de notre campement.
Et voilà qu'au moment où nous pensions être enfin tranquilles, un individu s'approche et s'assoit "chez nous" (ou plutôt :"chez lui", soyons logiques !). Celui-ci ne nous inspire pas du tout confiance : un jeune au regard sombre et fuyant qui ne cesse de jeter de furtifs coups d'oeil vers nos affaires, qui me demande même si je possède un appareil photo (mais non, bien sûr !) .Il nous répête plusieurs fois la même litanie, se vantant d'être un "catholique romain", nous affirmant qu'il y a plein de "bad boys", d'agressions, que son "évèque" lui dit d'être un bon garçon, et ça, il le rabâche si souvent que je finis par me demander si justement il n'a pas plutôt l'intention d'être un "mauvais garçon". Nous avons beau lui dire de plus en plus nettement que nous souhaitons être seuls et tranquilles, il ne comprends rien. De légère et bon-enfant, l'atmosphère est devenue très lourde. Ce gars a une expression désagréable qui nous met mal à l'aise. Que faire ? C'est Noël mais je n'ai pas du tout l'âme charitable envers ce type. Comme il refuse de comprendre, je m'impatiente et lui fait poliment -mais plus nettement- comprendre qu'on veut la paix ! Il nous quitte enfin, toujours aussi fermé et fuyant.
Et voilà comment un sinistre "catholique romain" a réussit à nous casser l'ambiance et le moral le soir de Noël. Nous avons beaucoup de mal à retrouver notre sérénité, d'autant plus que nous avions eu tous les 2, sans nous le dire, le même sentiment d'insécurité dés l'apparition de ce type très certainement shooté...ou drogué, comme vous voulez ! Quelle différence avec nos autres Papous, si paisibles et accueillants, en grande majorité des Chrétiens évangéliques je suis obligée de le constater...
Avec notre humour habituel, nous avons tout de même réussit à vivre ce Noêl paisiblement, à défaut d'être joyeux, grâce au baladeur et au CD "Merry Christmas" acheté à Singapour, dont j'ai fait la surprise à Andric. Nous ne sommes pas près d'oublier ce Noël, comme celui d'Amazonie, mais pas pour les mêmes raisons !
Quand les dernières flammes de notre brazier ont comencé à faiblir, nous nous sommes préparés à "essayer de dormir" car,à la nuit tombée, depuis le passage de l'énergumène, nous nous sentions très vulnérables...Maintenant qu'il avait bien pris le temps d'évaluer nos "biens", allait-il revenir pendant notre sommeil ? Aurait-il l'intention de nous agresser pour se venger de notre mauvais accueil ?
A peine allongée dans mon hamac, je comptais déjà les heures qui me séparaient du lever du jour...
A SUIVRE...