Avant toute chose, dès 8 h le lendemain matin, je me rends à la Police Fédérale afin de faire tamponner ma future sortie du territoire brésilien car, les brésiliens, si laxistes pour tout le reste, sont intraîtables devant ce genre d'oubli...Comme il n'y a aucune autorité douanière sur le bord du fleuve Oyapock d'où partent les pirogues pour la Guyane, les oublis sont fréquents et les sanctions pècunières ne sont pas oubliées, elles ! Donc, je me débarrasse de cette formalité avant de faire, dans la petite ville, quelques achats alimentaires bien plus avantageux qu'en Guyane où les prix sont très élevés.
Les taxi-pirogues attendent sur le bord du fleuve. Je grimpe dans l'un d'eux, dans une sérénité ambiante très différente du reste du Brésil. Pas d'agressions, ni gestuelles, ni verbales, cela en est surprenant quand on vient de traverserc ce pays ! Les piroguiers attendent calmement, comme font les Guyanais de l'autre côté du rivage, leur influence doit y être pour quelques chose , j'en suis sûre.
Après une petite dizaine de minutes de traversée car Saint Georges de l'Oyapock n'est pas exactement en face d'Oiapoque : on traverse le fleuve sur une longue diagonale.
"Bienvenue en France !". Administrativement j'ai terminé mon Tour du Monde mais géographiquement il me reste plus de 8100 km pour me retrouver dans mon village de résidence : Maylis, en Aquitaine.
La petite agglomération de Saint-Georges me semble plus petite et encore plus calme (c'est vrai qu'il est 14 h : l'heure de la sièste !) qu'à mon dernier séjour...
En taxi-colectif (taxi-co, comme disent les résidents), j'ai "étrenné" la dernière grande route récemment asphaltée de Guyane : de Cayenne à Saint-Georges.
Comme les travaux sont récents, la terre sur les côtés n'a pas encore retrouvé ses herbes sauvages, les bas-côtés sont encore d'un beau ton rouge-brique presque lumineux, les cécropias sont tout jeunes, frêles, avec leur joli feuillage vert tendre en forme de parasol.
Cet arbre, le Cécropia, a un rôle prépondérant dans l'éco-système de la forêt : quand un espace est dégagé (par une route ou tout simplement lors de la chute d'un grand arbre), les Cécropias sont les premiers à apparaître, ils ont une croissance très rapide afin de protèger des ardents rayons du soleil les petits graines qui profittent de cette lumière nouvelle pour germer et grandir. Et l'autre belle histoire est que, à cause de cette croissance ultra rapide, le cécropia n'a pas le temps de se fabriquer une quelconque défence naturelle. Il a donc "fait un deal" avec les Fourmis Azteca (entre autres). En échange de leur forte odeur qui éloigne les eventuels prédaterus de l'arbre, elles logent dans son tronc creux, compartimenté par des alvéoles : un vrai HLM à fourmis ! Par dessus tout cela, les feuilles de ce bel arbre sont la nourriture favorite de mon animal préféré : le Paresseux.
J'aime ce magnifique éco-systême ! On s'aperçoit, en l'étudiant, que la forêt Amazonienne en est débordante ! c'est merveilleux !
Avant Cayenne, je m'arrête à Kourou, la Cité de l'Espace, qui est aussi l'une des grandes attractions de la Guyane.
Imaginez : vous randonnez une dizaine de jours en forêt comme je l'ai fait avec mon fils. Durant ces 10 jours, vous ne rencontrez aucun Humain ni aucun signe de civilisation : seulement la nature à l'état brut. Sans transition, à part prendre une douche et se changer, vous allez au Centre Spacial pour assister, sur rendez-vous, au décollage d'une Fusée Ariane. Vous vous retrouvez au beau milieu d'une socièté de chercheurs et de techniciens hautement qualifiés, avec même la présence (tout près de moi !) du Ministre Australien et du Chef d'Etat Japonais venus assister à l'envol de leurs satellites... Je vous assure qu'après une telle immersion dans la forêt, le changement de décor et de situation est tès "déstabilisant" ! Au moment du "pot de l'amitié" qui scellait le succès du décollage d'Arianne, nous n'étions pas très à l'aise, mon fils et moi, nous avions l'impression de "planer", de venir d'une autre planête, c'est le cas de le dire : le Ciel étant à l'honneur ce jour-là !
C'est ici, à Kourou, que j'ai retrouvé mon amie Receveuse rencontrée il y a quelques années à La Poste d'Iracoubo où elle excerçait. Elle est avec sa fille, devenue une jolie adolescente. Quelle émotion de les revoir toutes les deux ! Nous avions partagé tant de choses 5 ans plus tôt ! Elles habitent maintenant à Sinnamary où je vais loger quelques jours avant de retrouver cette petite ville si chère à mon coeur, ainsi que ses habitants : Iracoubo.
A SUIVRE...