A 5 h 30, je me réveille la première, je récupère à tâtons mes affaires de toilette et je descends prudemment les 7 ou 8 marches creusées dans un simple tronc d'arbre posé en biais contre le palier. Le jour se lève à peine mais, ô surprise ! les Papous sont encore plus matinaux que moi ! ce n'est encore pas aujourd'hui que je serai tranquille pour faire ma toilette : on me suit déjà, je fais des sourires à tout le monde mais je suis plutôt crispée : ce sont de vrais pots de colle ! Après-tout : c'est le prix à payer quand on veut à tout prix visiter des pays non encore ouverts au tourisme de masse. Pour ces gens du bout du monde, les Blancs sont encore une denrée rare et ça les amuse de nous "regarder vivre" comme nous le faisons avec eux. Je cesse donc de ronchonner dans ma tête pour m'intéresser à leur vie quotidienne : c'est pour ça que je suis venue, non ? Ils sont tout fiers de me montrer leur façon de préparer les repas, ou bien la fabrication d'une pirogue en creusant directement dans un tronc d'arbre.
Je dois subir à nouveau "l'épreuve de la mini-pirogue" pour me rendre dans les "mini-toilettes" flottantes. Je n'arrive pas à m'y tenir debout comme font les autochtones, alors je m'accroupis au fond. Ah ! je dois avoir belle allure : j'y perds complètement ma dignité de "femme civilisée"!
je retrouve Andric et Stephen Buku pour un petit déjeuner composé d'une tasse de café et de 4 gâteaux secs fais maison...Je trouve cela d'autant plus léger que le prochain repas ne sera qu'en fin de journée avec des noodles, du riz et des conserves...
Nous revoilà dans notre pirogue : comme je l'ai déjà dit : il s'agit seulement d'un tronc d'arbre plus ou moins gros creusé dans toute sa longueur, sans planche pour s'asseoir : on reste debout ou on s'accroupit sur le fond humide où des reliquats de flotte vont et viennent entre nos pieds au rythme de la pagaie !
Malgré l'inconfort, la balade a été magnifique avec tous ces petits villages flottants, les enfants joyeux qui, déjà très jeunes, manipulent leur toute petite pirogue comme les nôtres feraient avec un tricycle !
Les adultes aussi sont joyeux car nous sommes le 31 décembre : une belle fête en perspective, même en ce petit coin perdu de notre planète...
Je remarque qu'il n'y a pas de détritus à la surface du fleuve, les abords des villages sont toujours très propres, comme au Vietnam. Il n'y a qu'en Sud-Amérique que j'ai vu sur l'Amazone tellement d'immondices et de détritus qu'il aurait été difficile de se noyer et que les bulles d'air qui remontaient péniblement à la surface n'arrivaient même pas à éclater !
Après avoir sllonné la lagune en tous sens, nous arrivons à Moïm, petit village encerclé d'eau : celle du fleuve et de la lagune, ce qui explique les nuées de moustiques à tout moment de la journée. Je n'en ai jamais vu d'aussi agressifs : malgré les repulsifs dont nous sommes imprégnés, Andric et moi, ces sales petites bêtes se posent sur nos bras et nos jambes et nous dévorent !
Nous ignorons qu'à cet instant et à cause d'eux, notre voyage va prendre une autre tournure, et surtout la suite de mon tour du monde...
A SUIVRE...