Deux sortes d'élements naturels me causent une immense émotion, et pourtant ils sont diamètralement opposés : les horizons plats à l'infini comme le désert ou l'océan, et la forêt vierge, exubérante et sombre...Allez comprendre ! Dans ma vie quotidienne j'ai besoin de voir loin sans avoir à grimper. C'est pour cette raison que les montagnes ne m'attirent pas du tout à cause du sentiment d'enfermement qu'elles me procurent (je déteste les vallées encaissées), et de l'effort qu'elles demandent pour être dominées...Par contre , je supporte facilement l'enfermement de la jungle grâce la présence de la faune qui est extraordinairement tangible et à celle des arbres qui m'apportent un grand sentiment de paix et de communion avec la nature.
J'ai eu la surprise de constater que la principale compagnie de bus grande distance était la célèbre compagnie américaine "Greyhound" ! C'est avec cette compagnie que j'avais parcouru, en 1971 et 1973, plus de 12 000 km à l'intérieur des USA et d'une petite partie du Canada.
Les bus sont maintenant plus modernes mais l'emblème du "lévrier" (greyhound en anglais) est toujours là. Je suis heureuse de voyager avec eux, 36 ans plus tard...si j'avais pu imaginer...
Cela fait plusieurs heures que j'ai 2 sièges pour moi seule dans le bus qui est à moitié vide. Les chauffeurs ont une habitude très sympathique qui est de nommer les différents sites que nous traversons, de raconter quelques anecdotes qui s'y rapportent et de s'arrêter quelques instants quand des photos sont intéressantes à faire. Je vivrai exactement la même chose en Nouvelle-Zélande des années plus tard. En France on appelerait ça de la concurrence déloyale : plus besoin de circuits organisés !
Je suis tombée amoureuse du Bush ! comme je l'affirmais plus haut, cette infinité me fascine !
Des kilomètres et des kilomètres de petits buissons dorés, assoiffés, tentent de se dresser sur les étendues de sable ocre ou brique, quelques touffes d'herbe ça et là pour agrémenter le tout d'une petite touche de vert : c'est beau et très harmonieux.
De temps en temps, une magnifique descente de lit, oubliée sur la route rectiligne : ce sont les restes d'un kangourou écrasé et soigneusement applati par la quinzaine de roues d'un "Road Train", ces fameux transports routiers qui tirent derrière eux jusqu'à 4 remorques double essieu, roues jumelées. Quand toutes les roues sont passées sur l'animal, il ne reste plus un atôme de boyau, et, le soleil faisant le reste, les peaux seraient presque en état de resservir !
Pauvres bêtes ! il est normalement interdit de circuler la nuit pour éviter le carnage mais je pense que ces grosses bêtes se promènent aussi la journée... Allez demander à l'un de ces monstres routiers de s'arrêter brusquement : c'est impossible.
Surprise ! je croyais qu'il faisait toujours très chaud à Alice-Springs, cette petite ville au décor "westen", à l'atmosphère paisible. Seulemnt 20 °. Mon backpacker est aussi agréable que la ville. Les cacatoès gris/rose ou blanc/jaune sont partout : aussi nombreux que les pigeons de nos villes ! j'ai vraiment envie de faire l'échange : je préfère de loin les caquettement rauques des perroquets au roucoulement plaintif de nos pigeons qui me sort par les oreilles ! En plus des cacotoes et des loriquets multicolores, de ravissants petits pérroquets d'un vert intense, le ventre bleu vif, un collier jaune et la tête noire...C'est le paradis !
Je viens de m'inscrire à un circuit organisé (bien obligée !) pour le National Park d'Ayers Rocks, à 4h de route d'Alice-Springs, pour admirer le célèbre monolythe qui serait presque l'emblème de l'Austalie, tant il est présent sur toutes les photos. 199 dollars pour une journée entière, de 6h du matin à minuit, les 3 repas inclus et l'entrée du Park...La vie est chère en Australie ! mais quel bonheur de pouvoir sortir sans scrupules, nos appareils photos qui, dans certains pays très pauvre équivalent à une année de salaire !
Je me trouve enfin devant Uluru : cette montagne sacrée rouge brique haute de 863 m, que je ne grimperai pas, uniquement par respect envers les Aborigènes, bien que les Austaliens aient l'indélicatesse de nous y autoriser...
Après Uluru nous avons randonné au milieu des Kata Djuta, sortes d'inselbergs, sacrés pour les Aborigènes aussi, dont le plus élevé atteint les 1066 m.
Brusquement, notre bus stoppe au beau milieu de la route, le chauffeur en descend en me demandant de le suivre, et là...ô bonheur ! il se baisse pour ramassr un "Thorny Devil" ce fameux petit lézard jaune dont la peau est hérissée de piquants totalement inofensifs ! j'ai pu le prendre et le caresser : c'est juste pour faire peur ! mais il a bien l'air d'un petit monstre, d'où son nom signifiant : "Diable épineux". J'étais la seule étrangère dans le bus, ce monsieur a été tellemnt gentil de s'arrêter pour me montrer cet étrange petit animal ! Il avait déjà remarqué que je faisais beaucoup de photos ! quel bonheur il m'a donné là !
Lorsqu'est arrivé le soir, de retour à Uluru, les guides nous ont préparé un sympathique BBQ (n'ouliaons pas que les Australiens en sont les inventeurs : il y en a de nombreux dans les parcs, à la disposition des promeneurs) le BBQ donc, accompagné de crudités, et du champagne pour mieux rêver devant le coucher du soleil illuminant l'énorme caillou...Cela aurait pu être magique s'il n'y avait pas eu tant de monde ! plusieurs groupes, comme nous , mangeaient sur de grandes tables en sablant le champagne...Plus de plaisanteries idiotes que de silence respectueux, ou au moins : admiratif, devant la majesté des lieux et des couleurs. Voilà pourquoi je préfère de beaucoup ma forêt amazonienne ! je suis libre de m'y rendre seule, et même de m'y perdre tranquillement !
A SUIVRE...