Déjà 2 h que je suis arrivée dans l'immense gare de l'Ouest, accompagnée de 2 jeunes Allemands qui m'ont fait gratuitement partager leur taxi..
Bravo les Chinois : les panneaux des trains sont très bien conçus : impossible de se perdre, surtout pour la direction Lhassa : tout est parfaitement balisé et - pour une fois ! - écrit en lettres romaines. L'immense salle d'attente est très belle : des fresques, des sculptures et même deux fusées pour nous rappeler que ce peuple s'est, lui aussi, engagé dans la conquête de l'espace.
Sur un mur, un grand écran de télévision que personne ne regarde ni n'écoute : les Chinois, préfèrent jacasser : assourdissant ! Ils ont des voix plutôt aigües et sont très volubiles. Je suis surprise : ils sont si discrets en France ! Quelle différence avec les Russes, on bien est loin du concert de piano ! et le confort spartiate des sièges en métal brut de cette salle me donne un avant-goût de celui du train, (aïe... aïe...)
Je suis assise à côté d'un jeune couple bien sympathique avec lequel j'essaye de m'entretenir dans le langage des sourds. Autant de gestes que de sourires !
La grande différence entre les Chinois et les Russes c'est que les 1ers vous rendent votre sourire alors que les seconds restent fermés.
Soudain, 7 ou 8 pociliers entrent dans la salle en parlant avec autorité aux voyageurs. Bien sûr, je n'y comprends rien. Ma jeune voisine me fait signe d'y aller avec mon billet. Le flic m'y colle un coup de tampon avec le chiffre 4 ...Allez comprendre...
Il y a dans la salle une forte odeur ambiante de soupe chinoise, et pour cause : je suis chez les producteurs ! L'atmosphère est plutôt gaie. Il faut dire que, pour la plupart de ces Chinois, ce voyage dans le Pékin-Lhassa est certainement une première. La ligne est ouverte depuis 2 mois seulement !
Pour moi aussi, l'expérience sera inoubliable : les petites voix aigües qui jacassent sans interruption avec la tonalité particulière de la langue chinoise tout en douceur musicale.
Et les bagages, les bagages : partout, partout. Comment s'y retrouvent-ils ? On dirait une seule et même grande famille et j'ai l'impression d'être l'unique étrangère dans cette foule bruyante.
Plus approche l'heure du départ, plus le monde s'agglutine contre les barrières qui nous séparent du quai, inaccessible jusqu'à la dernière minute. Je n'y comprends rien : pourquoi se disputer le premier rang alors que nos places sont réservées ?
Un employé déverrouille les cadenas, le jeune couple me fait signe de me lever, je tente de les suivre mais c'est la cohue, la monstrueuse cohue, mon sac m'écrase le dos, ma banane me rentre dans l'estomac. Je vais étouffer, je suis complètement coincée dans cette compression humaine. Pouquoi ? mais pourquoi ce comportement ? Je verrai ce phénomène dans toutes les gares chinoises et n'en aurai jamais l'explication.
Tout le monde s'éparpille avec frénésie pour trouver son wagon, je finis par en faire autant, après tout, il y a peut-être une raison à cette précipitation et je me laisse entraîner. Quel bonheur que le monde entier ait adopté les chiffres arabes ! au moins, à défaut de reconnaître les signes chinois je peux lire le numéro de ma voiture ! Je grimpe dans ce beau train tout neuf qui, ma foi, à l'air confortable.
Ouais. Bon. Les sièges sont recouverts d'un tissu bleu très, très légèrement doublé de mousse. Au bout d'une demie-heure je trouve que ce n'est pas si moelleux que ça en avait l'air ! Je suis en "Assis dur" : c'est exact ...Et il va me falloir dormir 2 nuits là-dessus !
Je m'apercois tout de suite que je suis la seule étrangère du wagon : très bien.
Il n'y a pas de compartiment : des banquettes de 2 personnes se font face de chaque coté d'une allée centrale. Je me retrouve avec 3 jeunes gars plus un vieux couple et leur fille qui occupent les sièges de l'autre côté du passage. Tout ce petit monde va avoir un grand impact sur la suite de mon aventure chinoise...
A SUIVRE...