El fin del mundo ! Le bout du monde ! J'y suis !
Patagonie...Détroit de Magellan...Terre de Feu...j'en ai rêvé, j'y suis ! quel bonheur !
Parfois je le paie un peu cher, ce bonheur, mais le principal c'est d'arriver à le vivre. Le voyage a été plutôt pénible : alors que j'avais demandé -en réservant bien à l'avance- un siège près de la fenêtre pour mes chères photos, et pour mieux voir, tout simplement : la guichetière m'avait affirmé "si si"...je me suis retrouvée côté allée centrale, au premier siège, juste derrière le rideau du chauffeur. Quand j'ai demandé au steward s'il pouvait tirer un peu ce rideau pour me donner un minimum de visibilité, il a refusé. Impossible de toutes façons, de faire confiance à un Sud Américain, je l'ai expérimenté de nombreuses fois. la Compagnie aura de mes nouvelles sur le Net ! les toilettes sont crades : c'est, jusqu'à présent, le plus mauvais bus longue distance que j'ai rencontré.
Bon. Arrêtons de nous plaindre : les paysages que je peux à peine photographier, sont magnifiques : tapissés d'herbe dorée, parsemés de flaques ou d'étangs argentés, tachetés de troupeaux de moutons ou de lamas blancs-crème, et dans le ciel, des vols d'oies et de canards sauvages...
Vers 19h nous entrons dans UshuaÎa. Je me dirige droit vers la pension que recommande le Routard : elle se trouve à deux blocs de l'attêt des bus. Il fait presque bon, il ne pleut pas. Une dame en passant me propose avec un peu d'insistance un lit moins cher mais libre le lendemain. Je prends son prospectus au cas où...
J'arrive à "La Cruz del Sur". Il y a un lit pour moi dans un "dortoir foutoir" ou sont mélangés filles et garçons. Il y a 8 lits superposés par 2 dans un tout petit espace où règne un vrai bazard ! Voilà pourquoi je préfère les dortoirs filles souvent plus propres et ordonnés; je ne fais pas de ségrégation : c'est comme ça ! Seul avantage : il y a un rideau à chaque lit inférieur pour l'intimité : pas mal ! De toute façons : je trimbale avec moi mon propre rideau : Un paréo que j'utilise à toutes les sauces !
Dès que j'ai posé mes affaires sur mon lit, je repars aussi sec vers la pension de la dame qui m'avait interpelée. C'est au sommet d'une des collines de la ville, ça grimpe dur. A l'instar de toutes les villes des Amériques, les rues sont en damier, rectilignes, elles ne contournent pas les collines, elles les franchissent tout droit !
Comme à San francisco, on voit le dessous des voitures avant le reste !
Je frappe à la porte d'une petite villa affichée "Hosteria Aonikenk" le nom me plaît ! Un papy m'accueille, puis la dame que j'avais rencontrée, je visite le petit dortoir sous le toit pentu: 4 places, dont seulement 2 lits superposés : celui du bas sera pour moi. L'endroit est douillet, propre. Petit déjeûner inclus pour 20 pesos au lieu de 25 pour la Cruz del Sur. Je sens que je vais m'y plaire !
Retour à Cruz del Sur où je m'installe et m'endos vers 21h sans avoir défait mes bagages puisque mes affaires de toilette et vêtements de nuit sont dans mon petit sac à dos.
Quelle surprise le matin en sortant de l'hôtel ! alors que j'avais traversé avec le bus, des kilomètres de plaines herbeuses, je m'imaginais que la Patagonie se terminait dans la même platitude, et là, quelle ne fut pas mon étonnement et ma joie de me retrouver entourée de majestueuses montagnes blanches ! je me sens toute ravigorée ! c'est étrange : je n'aime pas les montagnes, j'aime voir loin...j'aime la douceur des collines et pourtant...je me suis surprise moi-même devant ma propre euphorie : c'est tout de même beau, très beau ! pour couronner le tout, on peut aussi voir un horizon lointain : l'océan dans lequel plongent les montagnes nous ouvre les bras de ses larges baies.
Des années plus tard, je visiterai la plus septentrionale ville habitée du monde : Longyearbyen qui offre la même vision : des montagnes blanches plongeant dans l'azur de l'océan. j'en ferai cette déduction : Au Nord comme au Sud, la Terre habitée se termine en beauté !
C'est tellement beau ! j'en oublie qu'il fait froid : 4° seulement. Je m'ennivre de beauté à chaque croisement des avenues rectilignes qui débouchent soit aux pieds des monts enneigés, soit sur une baie dorée de soleil car ce matin il fait très beau.
Mais. Il y a un grand "Mais"... les fils électriques et téléphoniques emmêles aux sommets de poteaux plantés n'importe comment, les édifices, les statues inutiles et laides, les publicités géantes...tout ça, c'est vraiment triste et encore plus visible depuis l'un des points de vue panoramique au sommet de collines environnantes : j'en trépignerais de rage : impossible de cadrer une belle photo : trop de bazard !
Décidément, je suis incorrigible : Il y a maintenant 4 jours que je suis à Ushuaïa et je ne m'étais même pas aperçue de l'heure de décallage avec le Chili. J'avais réservé une excursion jusqu'au Glacier Perito Moreno pour laquelle je me suis levée à 4h30 du matin et payé 140 pesos.. et voilà qu'après plus d'une heure d'attente vaine on me dit que le bus est passé il y a une heure. Je n'y comprends rien jusqu'à ce que je réalise que l'horloge de la gare routière n'indique pas la même heure que ma montre. Quelle idiote ! par dessus le marché, le Tour Operator ne me rembourse que 23 pesos ! Qu'attendre de plus de la part de ces Sud Américains qui, de toutes façons, ne pensent qu'à nous rouler ? Je suis tellement contrariée que je renonce à mon excursion. Après tout, des glaciers, j'en verrai d'autres et j'y retournerai peut-être avec André (mon mari)
qui les aime, lui ! J'ai suffisamment randonné autour d'Ushuaïa, (Glacier Martial etc..) .je décide de réserver ma place dans un bus longue distance pour aller au plus vite me réchauffer sous le soleil de Buenos Aires...
A SUIVRE...