2 - A LA RECHERCHE DU TRANSSIBERIEN
Galina m'a un peu réconciliée avec "l'âme russe" : elle a appelé pour moi un hôtel bon marché où il y avait une place pour ma petite personne. Malheureusement, il est situé à la périphérie de la ville. Il va me falloir encore négocier un taxi : je déteste ça : tous des voleurs ! ou presque ! Avant cela, il me faut trouver un distributeur de devises. Je cherche une Banque, je ne sais même plus où je suis sur mon plan. Heureusement que, brusquement, mon attention est attirée par des consonnances mélodieuses et familières : on parle Français non loin de moi ! je m'approche : c'est une petite famille qui me dit s'installer à Moscou (bien du plaisir !). Le Monsieur regarde mon plan et me montre l'endroit où nous nous trouvons. Eux aussi sont un peu perdus et ma carte leur vient en aide. Je repère ma banque, retire mes roubles et me voilà de nouveau dans un taxi qui, ne trouvant pas mon hôtel, me laisse en me baragouinant que c'est par là...Comme je crains que le tarif n'augmente, je descends...et je ne tarde pas trop à trouver l'établissement.
Ouf ! il y a de la place dans un dortoir pour 4 personnes à 25 dollars la nuit (chez Galina c'était 10 dollars !) . Je suis trop soulagée pour faire la difficile. Il est 16 h et j'ai un coin pour dormir. Tout va mieux.
Je me douche. Je n'ai pas mangé depuis le matin; Je vais à la boutique du coin.
Il y a 2 autres personnes avec moi : un jeune Texan d'une trentaine d'années et une Californiène de 66 ans. Le jeune Américain me fera cette réflexion : "On m'avait dit que les Russes étaient chaleureux ??? " qui confirmera ce que j'avais ressenti depuis mon arrivée : les Russes ne font pas plus de zèle dans leur contact avec les touristes que lorsqu'ils étaient tous des fonctionnaires !
Le lendemain matin : fraîche et dispose malgrè une nuit encombrée par les ronflements de mes deux "phacochères".
Je me risque à prendre le métro : toutes les stations sont indiquées en Russe;.Ici, l'Anglais n'a pas la parole ! J'ai réussit à me trouver un plan en Cyrillique, je n'ai qu'à comparer les noms, ça me prends un peu de temps mais je m'en sors.
Je retrouve la Cathédrale St Basile, plus colorée que jamais, la Place Rouge : il y a plus d'automobiles qu'en 1975 ! La Capitale a embelli, je dois le reconnaître et il n'y a plus les interminables queues à l'entrée des magasins.
Le métro est beau, propre et silencieux.
J'ai fait la "répétition générale" de mon trajet : à pieds jusqu'à la station de métro, le trajet en métro, puis la nouvelle marche à pieds pour rejoindre la gare de départ de mon train : il me faudra environ 1 h et demie. Cela m'évitera de me "battre" avec un chauffeur de taxi et me coûtera bien moins cher !
.................................
J'ai quitté ce matin mes 2 "phacochères" ronfflant en cadence avec le frigo qui grondait comme un camion : Merci les boules Quiès !
Une bonne demi-heure de marche et me voilà arrivée à la station Vladikino. Dans le métro, je compte consciencieusement les arrêts : c'est mon seul repère, pas le temps de lire ni de reconnaître les caractères ! Je crains de faire une erreur mais j'ai 12 heures devant moi, je ne vais tout de même pas le rater ce train ! Encore trois quart d'heure de marche et je retrouve la gare Yeroslavskïa, la plus belle à mon avis.
Il est 11 h 30; J'accroche mon sac à dos après une balustrade et je peux me ballader tranquillement. Je m'explique : Mon sac est enveloppé dans un filet d'acier très discret que je peux cadenasser avec une attache en acier également : tout ça pour éviter les vols "à l'arrachée" qui sont les plus fréquents. Bien sûr, avec des outils et un peu de temps on pourrait en venir à bout mais il faudrait que le voleur ait un sacré culot ! Quand on est seule, sans personne pour surveiller les affaires pendant qu'on va aux toilettes ou faire un tour, c'est vraiment le top ! J'ai agit de cette manière pendant toute la durée de mon tour du monde et ça a bien marché, même en Amérique du Sud où les voleurs ne se comptent plus ! Seul problème : les pays pratiquant le "plan vigi-pirate" !
Après avoir acheté quelques provisions pour le voyage, je retourne vers la gare : mes bagages sont bien toujours là. L'immense salle d'attente où je m'installe est magnifique : l'ambiance est feutrée, les enfants sont très sages; De temps en temps, un pianiste vient nous charmer en jouant une mélodie sur le piano à queue installé devant une baie vitrée. Aucun haut-parleur, aucune musique d'ambiance à part l'instrument : c'est surprenant mais agréable.
Les heures passent...Comme je me suis renseignée la veille au sujet du quai d'où part mon train, je suis plutôt relax. Le départ est pour 21 h 35. Vers 20 h 45 je sursaute : la nuit est tombée, il faudrait peut-être que je me bouge ! mon train doit être là. Le temps de détacher mes bagages, de me rhabiller, les minutes passent et je commense à stresser. Je me dirige vers le quai où le train devrait m'attendre : rien ! bizarre...Moscou, comme toutes les grandes capitales, est en bout de lignes. Les trains ne font pas que passer. Mon Transsibérien devrait être là ! il ne va pas arriver à la dernière minute pour un si long voyage quand même !
Il y a une douzaine de voies qui arrivent sur cet immense quai : aucune ne porte le nom que j'ai appris à reconnaître : Beijin. Je commence à angoisser, le départ est dans 15 minutes. Je ne vais tout de même pas rater mon train après 10 heures d'attente stupide ! Je cours de long en large : "sorry...sorry..." de toutes façons ils ne comprennent rien à mon Anglais alors tant pis : je bouscule ! il y a foule, tout le monde est pressé et va dans tous les sens ! Soudain, j'aperçois plus loin 2 autres voies sur un quai à l'écart et là : OUF ! je reconnais ma destination ! Je m'approche, le chef de wagon regarde mon billet et me fait signe de monter...