J'en rêvais...J''y suis ! L'Île de Pâques...si lointaine...si isolée...si petite : un triangle isocèle presque parfait de 12x24x12 km de circonférence, grosso-modo, dont on peu faire le tour en une journée à vélo ! Si minuscule que le Boing 707, en atterrissant sur l'une de ses extrémités, me donnait l'impression qu'il allait la faire basculer ! Et, du sommet de la plus haute colline de 911 m d'où j'avais une vue panoramique de pratiquement tout le pourtour, cet avion avait l'air d'un montrueux intrus. Il y a sur cette terre des îles encore plus petites, bien sûr, mais c'est son grand isolement qui accentue l'effet minuscule : elle est (à 2075 Km de Pitcairn), la 2e île la plus isolée du monde après l'archipel Tristan Da Cunha, lui-même constitué de plusieurs îles, ce qui est moins impressionnant, je trouve.
Mes côtes me faisant toujours souffrir, mon Doliprane m'a encore fait l'effet d'un bon somnifère : j'ai dormi comme un bébé dans l'avion où j'avais pu m'allonger sur 2 sièges. Je pense qu'il y a eu des turbulences pendant cette nuit de vol car j'ai rêvé que nous étions très secoués et que l'hôtesse nous disait "Il ne faudra pas dire que c'est la faute du pilote !".
A mon arrivée à l'aéroport, une dame m'a abordée pour me proposer une chambre à 14€. Ce n'était pas cher par rapport à la moyenne, je l'ai donc suivie et n'ai pas regretté : une petite chambre très sommaire dans la villa de la propriétaire avec une porte de sortie indépendante et une autre donnant sur les toilettes.
Après y avoir "fait mon nid", je me suis immédiatement dirigée vers le centre de la petite capitale : Hanga Roa. Il est 9h : j'ai tout le temps pour faire l'excursion du volcan le plus proche : le Rano Kau. Je contourne donc l'aéroport pour commencer l'excursion.
Je recopie mon Journal de Bord :"ça ne va pas être facile d'écrire sur mes genoux, avec le vent qui veut absolument fermer mon cahier ! L'endroit où je me rouve est si beau et si solitaire que cela m'inspire ! Je suis tout au bord du cratère Rano kau, parfaitement rond dans lequel s'est niché un lac lui-même habité par les roseaux (les totoras, les mêmes que ceux du Lac Titicaca). Les totoras forment des sortes d'îlots flottants sur le lac, ajoutant à son charme mystérieux. C'est drôle : tout est mystérieux dans cette île !
Le vent souffle assez fort, ce qui ajoute à l'aspect tourmenté des lieux Je constate peu de vie animale. Peu d'oiseaux, pas de nuées de sauterelles qui explosent sous mes pas, seulemnt les stridulation des grillons, quelques fourmis, quelques bestioles de la famille des punaises, des tiques joliment décorées de signes cabalistiques...
Comme animaux domestiques : des chiens (trop), des vaches, des chevaux...Pas encore croisé un chat ! Pour ce qui est des balades : je suis aux anges ! très peu de touristes pour l'instant; Suffisamment de soleil pour se sentir bien malgré le vent persistant."
Je quitte mon Journal...
J'ai pris une journée entière pour grimper jusqu'au sommet du point culminant : le Maunga Terevaka, 911 mètres d'altitude !
Arrrivée au sommet : je suis seule au monde ! seule au sommet du monde !
J' ai une superbe vue à 360 degrès, je peux voir tout le pourtour de l'île à part un bout de plage cachée par une autre colline. Un boing monstrueusement gros est encore à l'aéroport, posé sur l'un des bouts de cette minuscule terre. J'ai une sorte de vertige : l'endroit où je me trouve est si petit, si vulnérable, si isolé que j'en mesure la fragilité et que j'aurais presque envie de quitter ces lieux pour aller sur la "terre ferme" d'un grand continent ! Et pourtant, si je réfléchis : cette île est tout simplement le sommet, aussi résistant qu'un autre, d'une montagne peut-être gigantesque plantée dans les flots !
En louant une bicyclette et en ayant très mal aux fesses, j'ai pu faire le tour de l'île, m'arrêtant à chaque groupe de Moaïs, chaque vue panoramique, chaque point d'intérêt. Les moaïs, tout le monde en a tellement parlé que je n'ai rien de plus à en dire sinon qu'eux aussi, par leur gigantisme, l'atmosphère qui en émane, valent vraiment que l'on passe un moment à leurs pieds.
Le vélo est très handicapant pour la prise de photos, aussi, les autres jours, je me suis contentée des magnifiques randonnées pédestres que nous offre Rapa Nui (le nom local de l'île).
Lors d'une de ces randonnées, j'ai trouvé le moyen de me perdre, incapable de savoir dans quel sens repartir en sortant d'un sentier ! J'étais a vélo, le vent me soufflait en plein visage, la journée s'enfonçait dans le soir, moment où mon moral recule. Des touristes me disent que je suis sur le mauvais chemin. Au bour d'un temps assez long, un véhicule passe, je les arrête : ce sont des Pascuans, je leur demande la direction de la route d'Anakene en leur disant que je suis "perdido"...le gros monsieur me dit qu'il est impossible de se perdre sur "l'îsla de Pascua" ! Par contre, j'apprends que j'ai encore beaucoup de route à faire. je suis fatiguée de pédaler à contre vent et découragée ! Devant leur camionette à benne ouverte, j'ose leur demander de bien vouloir m'embarquer, moi et mon vélo. Ils ont accepté mais n'ont pas fait un Km de plus. Ils m'ont laissée à l'endroit où j'avais pris la mauvaise route. Après cette piste infernale, je retrouve enfin le bitûme et, ENFIN !, un panneau m'indiquant Hanga Roa à 18 kms. Quarante cing minutes de côtes interminables ! cette île n'est faite que de volcans éteints successifs. Bon. Il y a aussi des descentes ! Pour la dernière arrivant sur la ville, j'ai eu l'impression que mon vélo était motorisé ! J'ai eu du mal à freiner à l'arrivée en centre ville !
Ces quatre jours m'ont semblé suffisants pour l'exploration de cette petite ïle mais j'y serais bien restée plus longtemps pour prendre le temps de m'y relaxer et mieux en aprécier l'atmosphère étrange.
A SUIVRE...
