Après une très bonne nuit bercée par le son délicat des vaguelettes sur le rivage, je me suis réveillée vers 5 h le matin. J'ai pu savourer, sans sortir de mon hamac, mon habituel petit café traditionnellement préparé la veille dans un thermos.
Dans le "coin toilettes" fait d'une bâche, je me suis lavée tranquillement dans le silence matinal. Mariann, la maitresse de maison si discréte, nous a servi un bon petit dejeuner indonésien composé de riz et de corned beef. Une vraie plâtrée ! pas besoin de s'inquièter du repas de midi, je n'aurai pas faim !
Après être allée seule faire des courses en ville et avoir eu quelques difficultés à m'y retrouver pour rentrer, (il faut traverser une sorte de forêt tropicale) je suis quand même arrivée assez tôt chez Micah pour ranger hamacs et moustiquaires et préparer notre retour à Jayapura. Paul, voyant que j'avais ramasseé d'étranges grosses cosses à graines déjà ouvertes, est allé m'en chercher une magnifique, fermée et pleine. Je lui en suis très reconnaissante ! je collectionne depuis des années les graines et cosses du monde entier et je ne possédais pas celle-ci qui, en plus, est d'une forme originale : comme une feuille semi-rigide dont on aurait joint les quatre coins pour former un sachet.
Les jeunes de la famille nous ont accompagnés jusqu'à la station des PMV (Public Motor Vehicle). Nous avons eu beaucoup de chance : l'un d'eux, attendant de faire le plain de passagers, avait deux places libres ! il est donc parti dés notre installation, vers 15 h.
Le retour est aussi beau que l'aller, bien sûr ! La route longe la côte splendidement découpée et traverse, à gué, de temps en temps, de jolies rivières limpides surplombées de toutes sortes de palmiers.
Au bout d'une grosse heure, nous arrivons aux frontières où nous attendait une nouvelle aventure qui aurait pu très mal se terminer.
Pas le temps de dire "Ouf !", nos visas ne sont même pas encore tamponnés, qu'un véhicule nous aborde, conduit par des Papous nous précisant qu'ils sont "Chrétiens" (je ne vois pas la raison d'un tel détail...?). Ils nous offrent très gentiment de partager leur véhicule jusqu'à Jayapura. Ils me semblent bizarres, un peu trop "fraternels" mais, je n'ai malheureusement pas approfondi ma pensée, trop occupée à remplir la carte douanière et présenter les passeports. Un homme, sans doute un chauffeur de taxi régulier, essayait de me faire comprendre discrétement qui nos soi-disant "amis" étaient ivres. Je réaliserai trop tard qu'il semblait sincèrement inquiet.
Nous sommes donc montés tous les deux dans le véhicule (Andric trop content de cette aubaine et moi un peu plus circonspecte...) Pour comble de bêtise, craignant le manque de place dans l'habitacle, j'iai accepter d'nstaller mon sac à dos dans le coffre que l'un des passager à ouvert pour moi. Nous étions 6 en tout, dans un véhicule assez spacieux.
Nous voilà donc partis avec ces gens, des Chrétiens Baptistes, soit-disant, qui ont hurlé et frénétiquement tapé des mains -même le conducteur- quand j'ai eu la mauvaise idée d'affirmer que nous étions aussi des Chrétiens. Quelle misère ! Comme je comprends les avertissements et la souffrance d'un certain homme de Dieu, William Branham, nous ouvrant les yeux sur l'état de dégénérescence spirituelle dans lequel se trouve le Christianisme aujourd'hui. Dans quel état de putréfaction nous sommes ! car je ne me sens pas supérieure à ces gens qui sont peut-être très corrects, à jeûn...
Le conducteur, un gros bouffi d'une trentaine d'années, embrassait à pleine bouche la fille à ses côtés complétement ivre; lui-même oubliant que la voiture zigzaguait...Nous commencions à nous sentir très mal à l'aise, surtout au moment de nous engager sur un pont en plein virage ! La fille à mes côtés était en mal d'affection et n'arrétait pas de me toucher. J'ai fini par lui faire comprendre un peu sèchement qu'elle devait me ficher la paix ! Andric - gros hypocrite !!! - leur a dit qu'il fallait m'excuser , que j'étais âgée, (61 ans ! quelle histoire !) que j'étais très fatiguée... bla bla bla...Je lui ai dit qu'il pouvait en rajouter : par exemple la malaria...
En tous cas, je faisais la "tronche" et refusais de répondre à ce tas d'abrutis, préfèrant surveiller la route et crier "AWAS" ! au moindre danger !
J'ai suggéré à Andric de proposer de prendre le volant mais le gros plein de soupe n'a rien compris.Mon fils a de nouveau insisté, et là, son cerveau imbibé a eu un éclair de compréhension : Andric a enfin pu assurer la conduite pendant que le gros pelottait sa nana. Profittant du remue-ménage, j'ai réussi à déloger les deux soulards, tellement ramollis qu'il en étaient dociles, et prendre leur place pour qu'ils s'ébattent à l'arrière sans nous mettre en danger. Entre deux étreintes, le gros boudin battait l'air de ses mains grassouillettes pour applaudir Andric en le remerciant sur tous les tons "terima kasih, terima kasih banyak !" il a eu quand-même assez de clairvoyance pour réaliser qu'Andric conduisait très bien. J'ai d'ailleurs apprécié sa prudence. Après ces émotions c'était reposant ! A part les beuglantes de nos 3 soulards (le 4e d'entre eux est resté dans son coin et n'a pas bronché), la suite du trajet s'est correctement passée. Brusquement, la "mamie" n'était plus malade, même plus fatiguée et, réssuscitée, discuttait avec son fiston, ah! ah ! les plouks !
C'est avec un grand soulagement que nous entrons dans Abepura, loin de nous douter que nos difficultés étaient loin d'être terminées.
Au moment de faire nos adieux (éternels si possible) à cette folle tribu, le bonhomme déssaoule suffisamment pour nous réclamer de l'argent. Andric refuse, lui rappelant qu'il avait affirmé vouloir nous transporter gratuitement parce que nous étions des "frères"...Je n'avais pas assisté à cette conversation, donc j'aurais bien donné quelque chose mais Andric s'obstine. Nous les laissons devant Saga et nous continuons à pieds,
mais avec leur véhicule, nos lascars nous ratrappent et s'arrêtent à notre hauteur.
Le bonhomme redemande de l'argent. Andric est prêt à lui donner 20.000 Rp. A mon tour, je sors 50 OOO Rp que je lui tends. Il ne prend ni l'argent d'Andric ni le mien et me fait signe avec ses doigts :"trois", signifiant qu'il en veut 3 fois plus, ou bien 300 000, le prix d'un taxi officiel ! Alors là, j'explose ! je rentre mon argent et le plante là en vociférant ! la fille essaie de sortir de la voiture, je la repousse et lui claque la portière dessus ! Nous repartons. Ils remontent dans leur véhicule et nous ratrappent à nouveau en recommençant le même manège devant un homme de la Sécurité que j'appelle à la rescousse, mais qui ne semble ne pas comprendre l'Anglais ou bien cacher sa lâcheté.
Finalement, ces voyoux imbibés d'alcool ont peut-être fini par avoir peur , le bonhomme et la voiture sont repartis sans un sou ! ils ont tout perdu ces imbéciles !
Après toules ces émotions, il était autour des 20 h quand nous avons enfin mis la clé dans la serrure de l'appartement d'Andric. J'aurais eu besoin d'un bon sommeil réparateur, mais il a fallu subir une sympathique mais trop longue soirée avec la famille de Mylann.
Je ne sais plus à quelle occasion, la maman a proposé de me faire des massages aux pieds qui, soit-disant, guérissent les maux de tête dont je ne souffre pas du tout, par concéquent,je n'en voyais pas l'utilité. Elle a tellement insisté que j'ai fini par céder. Résutat : après leur départ, moi qui n'ai JAMAIS mal au crâne, je me suis retrouvée à devoir prendre un cachet afin de m'endormir avec une discrète mais persistante douleur au niveau du front ! Ah ! c'est peut-être "psychosomatique" ah ! ah !
Nous ne sommes pas prêts d'oublier cette journée et sommes très reconnaisants envers notre Bonne Etoile qui, envers et contre tout, nous a ramenés sains et saufs.
A SUIVRE...
"Si je prends les ailes de l'aurore... Et que j aille habiter aux extrémités de la mer,
Là aussi, Ta main me conduira...
Et Ta droite me saisira..."
Psaume 139/9
"If I ride the wings of the dawn... if I dwell by the farthest oceans,..
Even there Your hand will guide me,
Your strength will support me."
Psalm 139/9