Après avoir passé quelques jour à Belem où je me suis régalée une dernière fois de viandes et de légumes servis en abondance dans les fameuses "churrascarias",
me voici depuis bientôt une heure dans la petite lancha qui doit m'emmener à Macapa, dont la province fait frontière avec la Guyane.
Hier, peu de tmps avant notre arrivée, il y a eu une tentative de vol dans notre bus, pendant un arrêt où nous étions en principe tous déscendus.
Le voleur a dû être dérangé : la victime se trouvait devant moi, son sac avait été ouvert mais ses biens se trouvaient abandonnés sur les sièges vides derrière moi. Je crois que je l'ai échappé belle ! J'étais sortie avec mon fidèle petit sac à dos mais j'avais laissé sur mon siège un gros bagage où se trouvait, entre autres, tout ce que je venais d'acheter : 5 hamacs, un poncho, quelques souvenirs pour les petits-enfants...POUR LA 1ère FOIS DEPUIS QUE JE CIRCULE EN SUD-AMERIQUE, j'avais MIS et FERME le CADENAS pour ces quelques minutes d'absence !!! Quelle chance !
Les passagers semblaient étonnés de ce vol...moi PAS ! Nous sommes au BRESIL, voyons ! l'auraient-ils oublié ? On ne peut même pas sortir son appareil photo dans la rue sans que quelqu'un de mieux intentionné que ses compatriottes ne soit obligé de nous mettre en garde : "cuidado"...Je l'aurais entendu ce mot !
Revenons dans notre lancha...qui ne me rassure pas trop . Elle a la même jolie forme "coquille de noix" mais est beaucoup plus petite que celles que j'avais prises avec Andric depuis Manaüs ou Santarem.
Côté bagages, je suis très contente : j'ai réussi à trouver un emplacement pour accrocher mon hamac, au plus près de la barrière de l'arrière du bateau à laquelle j'ai pu cadenasser mes bagages bien enveloppés dans leur filet d'acier. Mon hamac est en position plutôt basse afin d'être proche de mon sac à dos dont j'aurais souvent besoin. Pas la peine de préciser que je mange et dors avec ma saccoche ventrale en permanence autour de ma taille !
Cette situation , dans la lancha, me rappelle très fort mon Andric avec lequel j'avais fait il y a 5 ans, cette première expérience pour la descente sur 5000 km de ce même fleuve mytique qu'est l'Amazone. Mon fils n'est plus là pour "faire écran" entre moi, la sauvage, et les gens quand je suis contre une "paroi" comme ici.
12h45 : Notre lancha mets les gaz dans un bruit d'enfer et commence bien lentement à s'éloigner du quai très encombré en nous enfumant litéralement. Nous nous arrêtons déjà : que se passe-t-il ? Un jeune homme retardataire vient de sauter sur le bateau en enjambant la balustrade ! moi, ça n'aurait pas été possible ! déjà que j'ai eu des frayeurs quand il a fallut marcher sur une planchette branlante, très inclinée, pour acceder au bateau...Heureusement que le guichetier qui m'avait vendu le billet s'était conscieusement occupé de moi en transportant mes bagages jusque dans la lancha. J'ai vraiment aprécié ! Ni truand, ni voleur:il faudra que je me souvienne de lui. Nous nous sommes dit "Au revoir" très chaleureusement.
18h30 : Nous avons fait la queue aux cuisines pour un réconfortant repas de riz, spaguettis et veau à la sauce aux haricots rouges, cette sauce que j'aime et que l'on rencontre dans toute la Sud-Amérique..
21h : Gros temps; je ne suis pas du tout tranquille : notre lancha est déjà bien chargée. Ces plouks continuent de klaxonner à chaque îlot ou village croisé dans cet immense estuaire pour appeler d'eventuels nouveaux passagers !. Les gens accourent sur la berge et ça grimpe encore et encore ! c'est de la folie ! le bateau tangue dangeureusement. Quand on voit la balustrade aller bien en dessous de l'horizon, ça fait peur...Les hamacs deviennent ingérables et s'entrechoquent de tous les côtés. Certaines personnes prient ou font le signe de croix...d'autres ouvrent leur petite Bible, moi je fredonne "Une nacelle en silence"...C'est un soulagement lorsque la lancha accoste un moment devant un petit embarcadère à peine sorti de l'eau mais c'est engoissant de voir du monde monter à bord sans que personne ne desende !
10H25 à Breves (prononcer "Brej") il y a environ 24h que nous vogons tant bien que mal. Nous sommes à la miotié du trajet. je ne trouve pas le temps long à part que je suis consciente que la sécurité n'est pas du tout assurée dans ce bateau surchargé. Les accidents graves sont trop fréquents, je l'avais remarqué lorsque j'ai résidé une année en Guyane et que les smédias nous annonçaient les naufrages et les nombreux morts dans des lanchas chargées à plus du double de leur capacité. C'est certainement le cas aujourd'hui. Qu'importe les morts pour 'Etat : ceux sont les pauvres qui prennent la voix fluviale et il y a TROP de pauvres au Brésil !
Malgré-tout, le voyage est magnifique : nous contournons quantitié de petites d'îles truffées de palmiers, de cabanons fleuris, perchés sur leurs pilotis. Des îles plus grandes comme Marajo, plus vaste que la Suisse !
Notre lancha elle-même est jolie, blanche, avec ces centaines de hamacs multicolores qui se croisent et se côtoient sur toutes les hauteurs...
Peu de gens descendent mais beaucoup continuent de monter. Une jeune fille et sa petite soeur (je suppose) cherchent à s'installer près de moi. L'aînée réussi non sans peine à accrocher son hamac tout en hauteur. Seul problème : il faut y accéder ! La petite, légère et leste comme un chaton, s'accroche et se blottit dans la toile. La grande hésite. Comme je suis presqu'en dessous d'elle, je place ma jambe bien raide en travers de mon propre hamac et lui fait signe de s'en servir de support. Elle n'est pas bien lourde non plus et réussi très vite à rejoindre sa petite soeur au fond de leur nid commun. Elles ont toutes les deux un doux regard de reconnaissance sans pouvoir me l'exprimer en paroles.
Le temps passe agréablement. Notre lancha bien chargée et bien enfoncée dans les flots les traverse quand même et va nous mener à bon port jusqu'à Macapa.
A SUIVRE...