Nous arrivons à Madras en début d'après-midi. J'ai tout le temps de trouver un hôtel avant la nuit ! Il suffit simplement de me "blinder" pour affronter les taxis.
Mais non ! ça ne sera pas pour cette fois-ci : Füki, la jeune Japonaise qui a voyagé avec nous me propose de partager son taxi et sa chambre pour limiter nos frais. Je n'en demande pas plus. Elle possède l'adresse d'une guesthouse "cheap cheap" donnée par un routard. Nous nous demandons s'il n'y a pas une erreur lorsque le taxi nous dépose devant un temple ! Nous entrons . Oui, il y a bien des lits disposés sur le pourtour d'une immense salle dominée par un gigantesque Boudha debout. Il y a des lits partout : même sur les terrasses d'une sorte de mazzanine faisant cercle au-dessus de ce lieu de prière.
Le prêtre qui nous accueille nous remet la clé d'une minuscule chambre "monacale"...J'en suis presque déçue : j'aurais bien fait, pour une ou deux nuits, cette expérience commaunautaire. (tout à fait contre ma nature, d'ailleurs !)
Il doit y avoir une sorte de pélerinage car les lits déjà occupés sont encombrés de bagages et des cars déversent leurs passagers devant l'entrée de l'édifice.
Cette première nuit au temple n'aura pas été de tout repos : Au milieu des éfluves d'encens, des prières et des incantations, nous avons vaillamment combattu les moustiques. Je me suis grattée comme une malade, alors que Füki décidait de rester stoïque (ils ont de la volonté, ces Japonais !).
Le lendemain matin nous contemplons les dégats : Je n'ai pas un seul bouton alors que ma compagne est toute piquetée de minuscules points rouges vifs ! Allez comprendre !
En temps qu'ancienne musicienne, je prends plaisir à écouter Füki jouer de son étrange instrument acheté à Calcutta. Difficile à décrire : un mélange de mandoline, guitare et balalaïka en plus gros ! C'est agréable à entendre.
Avant de nous quitter définitivement, nous mangeons ensemble dans un restaurant local : Même de petits légumes d'un vert tendre me mettent la bouche en feu ! je vais finir par ne plus supporter cette cuisine indienne.
Je ne sais plus quoi choisir.
Finalement je ne tiendrai pas plus d'une nuit dans ce temple où pourtant, tout le monde est très gentil :
Tous Zen. Ce ne sont que sourires et douceur. On fait un peu la queue derrière moi pour la douche : sourires, sourires...
Si je n'avais pas eu des affinités avec la religion du "salut gratuit", j'aurais volontiers adhéré à cette philisophie, pour aténuer mes problèmes d'impulsivité.
Je vais me faire une fleur qui, en Inde, ne va pas me coûter bien cher : je me trouve un bel hôtel sympa pour rattrapper toutes ces nuits plus ou moins bruyantes ou inconfortables.
Ma déception va être proportionnée à la taille et au luxe apparent de ce grand bâtiment...
Le Hall d'accueil est beau et grand. En "musique de fond", des chants religieux s'élèvent en continu d'un mini-autel où sont déposées quelques offrandes de fruits et boissons.
Ce petit détail me fait aprécier la laïcité de notre pays...J'aime la musique des cloches de nos églises mais je n'en voudrais pas plus. J'aime aussi les appels à la prière du muezzin dans les états musulmans mais je ne voudrais pas ça toute la journée !
De toutes façons, ici, ces chants continuels sont submergés par les klaxons intempestifs, les téléphones portables que les Indiens se font un plaisir de laisser brailler un bon moment avant de daigner répondre...Toutes sortes de mélodies sortent de ces innombrables téléphones, j'ai même entendu une fois l'air de "Petit papa Noël". Plutôt incongru dans ce contexte ! J'aurais presque eu le mal du pays !
Les Indiens ont une autre fantaisie que je n'ai vue nulle part ailleurs : A chaque fois qu'un véhicule fait marche arrière, une mélodie sonore s'élève dans le tumulte. Une de plus !
Ils conduisent comme des fous, au risque de renverser n'importe quel piéton - vieillard ou enfant - mais quand ils reculent, ils sont très délicats : une mélodie nous avertit : véritable "signe extérieur de richesse" .
Au moins on aura peut-être le privilège de se faire écraser au son de "La lettre à Elise"...
A SUIVRE...