Après ces 72 heures épuisantes à cause de la maladie mais reposantes de n'avoir rien à faire ni à décider, nous voici arrivés, de nuit, à Manado, grande ville du Nord Sulawesi. Pour une fois, nous ne discuttons pas le prix de la course, conscients aussi du fait que les Indonésiens (même les chauffeurs de taxi) ne sont pas aussi voleurs que ceux de Sud Amérique (là j'en avais eu ma claque 4 ans plus tôt !)
Malgré tout, Adc a été "touché" 2 fois par un pic-pocket à la descente du bateau. On nous avait prévenus, ce qui nous a certainement aidé à éviter le vol : mon fils ayant réagit très rapidement.
L'hôtel le moins cher choisi dans notre guide papier étant en travaux, le chauffeur nous dirige vers un autre établissement, un peu plus cher. Là non plus : pas le courage de tergiverser...même Adc ne pipe pas un mot : c'est dire s'il doit être, lui aussi, à bout de forces !
Nous grimpons lentement l'Everest de notre hôtel : le 3e étage, menaçant de nous écrouler à chaque marche, écrasés par nos sac à dos, lourds comme ils ne l'ont jamais été !
On nous ouvre la porte :"Thankyou thankyou !" les bagages tombent sur le sol, et nous sur nos lits respectifs. Nous allons pouvoir suer, trembler, grelotter à volonté sans la solicitude ou l'indifférence de l'entourage, sans nous donner en spectacle ! C'est une nouvelle forme de béatitude !
Grosse déception le lendemain matin au réveil : il y a bien une fenêtre dans la chambre mais je n'avais pas vu, à cause d'un rideau hypocrite, qu'elle donnait sur une sorte de cage à ascenseur...vide, puisqu'il n'y a pas ce genre de confort dans l'hôtel. Voilà un détail qui ne va pas me remonter le moral. Le prix de la chambre étant un peu élevé pour nos moyens, nous n'osons pas demander mieux, et, pour ne pas changer, nous sommes trop fatigués pour tenter la moindre discussion.
C'est terrible : nous n'arrivons pas à manger : tout est insipide. D'ailleurs, même les Indonésiens sont insipides, même la ville, tellement sâle, comme tout le reste dans ce pays. J'avais été plus que scandalisée dans le bateau, alors que je me reposais sur le pont, d'avoir vu les employés prendre les grosses poubelles pleines d'immondices et jeter leur contenu par-dessus bord !!! Pourquoi, alors, mettents-ils des poubelles ces hypocrites ??? laissez donc les gens jeter eux-mêmes leurs saletés dans la mer ! bandes de menteurs !
[Je reconnais que je suis pleine de paradoxes au sujet de l'Indonésie...Voilà pourquoi : j'y suis retournée 3 ans plus tard : il y avait eu d'énormes progrès en matière d'hygiène, Manado est devenue une belle ville...(quelques tremblements de terre ont dû aider au nettoyage, comme on le verra plus tard...) Et...-et oui- mon état à l'époque m'avait rendu très négative : je suis sidérée quand je relis mon journal intime sur cet épisode de mon aventure et serais incapable de relater à nouveau dans ce texte, les infâmes critiques que j'ai proférées contre les Indonésiens à l'époque. la seule excuse à cette attitude : mon déplorable état de santé et mon moral au plus bas.]
Comme je le mentionnais plus haut : nous n'arrivons pas à ingurgiter la moindre nourriture...mon cerveau a beau me dire qu'il ne faut pas s'affaiblir, que ce n'est ni le lieu ni le moment pour se faire hospitaliser, hé bien il nous faut fournir un effort mental colossal pour arriver à mordiller et avaler une tartine de beurre au petit-déjeuner fourni par l'hôtel, dans un très joli cadre, au 5e étage avec vue imprenable sur la ville, le port, l'océan... Nous avons TOUT pour nous sentir pleinement heureux et TOUT nous indiffère. C'est bien pire que ce que j'avais vécu en Inde à cause de la nourriture trop épicée.
Nous avons passé la journée entre notre lit et le cyber café du coin où j'ai tenté de donner de nos nouvelles à la famille qui s'inquiétait fort, à cause d'un stupide appel téléphonique d'une copine indonésienne d'Adc, mentionnant que nous étions malades. Les 3 jours sur le bateau nous avaient, par dessus le marché, privés de réseau. Ma fille aînée avait même appelé le Consulat indonésien ! Les pauvres ! moi qui m'étais toujours efforcée de ne pas les angoisser pendant ce voyage au long court !
En fin d'après-midi, comme chaque jour, nous rejoignons notre chambre dès l'arrivée des prémices d'une crise de l'un ou de l'autre.
A suivre...